C’est la nuit maintenant / Giờ sang đêm hết rồi / Pierre Michelon
SPECTRE productions
Entre-deux
Un film en train de se faire
Ville de Paimbœuf
Ont le plaisir de vous convier
au HANGAR, à Paimbœuf (44)
du 26 octobre au 5 novembre 2023
aux projections de
C’est la nuit maintenant – Giờ sang đêm hết rồi
Un film en Polyvision de Pierre Michelon
EN QUELQUES MOTS :
En 1930, un jeune communiste vietnamien nommé Trần Tử Yến (l’hirondelle) est condamné pour complot contre la sûreté de l’Etat et tentative de meurtre. Avec 537 autres camarades, il est déporté de « l’Indochine » vers les « établissements pénitenciers spéciaux » de l’Inini, une subdivision de la Guyane française. Il décède en 2001 à Cayenne, à l’âge de 93 ans, sans avoir revu son pays natal. Écrite à plusieurs mains, parlée à plusieurs voix, cette œuvre polyglotte (français/vietnamien/créole guyanais) présente l’unique témoignage audiovisuel de Trần Tử Yến, recueilli par la réalisatrice Geneviève Wiels en 1999.
Retranscrit en français et en vietnamien, le témoignage fragile de Trần Tử Yến nous ouvre à des paysages, des images et des passages. C’est peut-être la nuit, voire l’oubli (le titre est tiré d’une expression de Trần Tử Yến) mais des alliances se sont créées pour raconter son histoire, entre traductrices et historiennes, entre les condamnés et leurs geôliers, entre les filles guyanaises de Trần Tử Yến et leurs cousin·e·s du Việt Nam. Deux frères séparés par l’histoire se retrouvent par la langue et se regardent, c’est peut-être un miroir : il s’appelle Trần Tử Yến (l’hirondelle), il s’appelle Trần Tử Yên (la paix).
INFOS PRATIQUES :
Du 26 octobre au 05 novembre 2023
Le hangar / quai Sadi Carnot / Paimbœuf
projections tous les jours (sauf lundi) à 18h00 et 19h30
18h00 : première partie (75min)
19h30 : seconde partie (80min)
entrée libre
un film en polyvision de Pierre Michelon avec
Trần Tử Yến et Trần Tử Yên, Josette Trần Tử Yến
Muguette, Claudette et William Tran-Tu-Yen
Christèle Dedebant, Trần Phương Thảo
Maxime Bichon
réalisation des écrans : James Clochard
assistance artistique : Inès Miossec
RENCONTRES/ATELIERS :
(suivis des projections)
Le jeudi 26 octobre à 16h00, Le Hangar
rencontre avec l’historienne Christèle Dedebant
— « Destins croisés : que sont devenus les anciens forçats indochinois de Guyane/Inini ? »
Si Joseph Trần Tử Yến est resté sur « la terre du bagne », plusieurs de ses anciens compagnons d’infortune ont suivi des trajectoires différentes. Christèle Dedebant reviendra sur quelques-uns de ces destins ballotés par les soubresauts de l’histoire.
Le mercredi 1er novembre à 16h00, Le Hangar
atelier musical avec Thẩm Yến Linh
— (Auto)Radio Lointain
Partage pratique & exploration mélodique de l’intime – déracinement –
ré-enracinement – héritage musical.
Pourquoi utiliser l’outil Musique ? Parce que c’est tout aussi important que la cuisine sur l’échelle des choses que l’on se transmet en famille ou entre ami·e·s, en dehors du patrimoine matériel. Mais si tout le monde parle beaucoup de la cuisine, c’est sans doute parce qu’il est difficile de survivre sans nourriture ; cependant il n’est pas moins difficile de survivre sans air, qui est la première composante du son, et tout de suite après, de la musique.
Parce que c’est le lieu de passage et de transmission de la langue. Parce que ce sont des connections neurologiques particulières qui marquent la mémoire sensible sonore et qui portent des traces du « début ». Parce que la musique est un art qui se compose avec des temps et compose ainsi différemment avec « le » temps. Ce dernier peut emporter ou abîmer peintures, sculptures, architectures, tandis que la musique utilise un support fait d’un matériau différent pour perdurer à travers le temps, et ainsi se transporter dans des bagages qui ne se pèsent pas en kilos.
Le dimanche 5 novembre à 16h00, Le Hangar
(exceptionnellement le 5/11, les projections se feront à 17h et 18h30)
rencontre avec Henri Copin
— D’autres échos historiques et linguistiques :
Entre 1900 et 1930 se forment au Việt Nam différents groupes de patriotes et nationalistes, revendiquant une modernisation politique et sociale autour de modèles japonais, français, ou chinois. Henri Copin évoquera cette évolution et son rapport avec la langue vietnamienne romanisée (Quốc ngữ).
PRÉSENTATION DES INVITÉES :
Le jeudi 26 octobre / 16h
Christèle Dedebant est historienne, elle a soutenu en 2001 une thèse de doctorat à l’EHESS intitulée Les lumières de Zenâna : figures de proue de la condition féminine au Pakistan dans leur contexte historique. Elle est par ailleurs journaliste à GEO Magazine et GEO Histoire depuis 20 ans. Auteur du Voile et la Bannière, aux Editions du CNRS, 2003, elle est familière de la Guyane et de son histoire : « Je me suis intéressée aux “Annamites” exilés en Guyane à plusieurs titres. Tout d’abord parce qu’une partie de ma famille vit à Cayenne et à Saint-Laurent du Maroni. Pour GEO, j’ai eu l’occasion de réaliser de nombreux reportages in situ. Mais c’est à Paris que le destin s’est noué : j’y ai rencontré à l’occasion d’un dîner chez des amis une nièce de Trần Tử Yến, la veille de l’un de mes départs pour un énième reportage sur les orpailleurs illégaux. J’ai été immédiatement captée par cette histoire de colonisation transversale. J’ai rencontré à Cayenne Josette Trần Tử Yến, la fille du déporté politique, et j’ai été happée par le sujet »
Le livre de Christèle, Poulo Condore-Cayenne, les derniers déportés politiques de Guyane (titre provisoire), est à paraître (2024) aux éditions Actes Sud, collection Archives du colonialisme.
Le mercredi 1er novembre / 16h
Thẩm Yến Linh : « Je m’appelle Yến Linh, je suis née à Hà Nội et j’ai grandi dans les Hauts-de-Seine. J’ai ainsi parlé et chanté en vietnamien avant de le faire en français.
J’ai plusieurs amours et pratiques : l’architecture, la scénographie, la menuiserie (ENSAPM, Lycée Léonard de Vinci, Ateliers Devineau), l’illustration (Paris 1 Sorbonne, techniques pastels, aquarelles et numériques, collaborations vidéos ou imprimées), la musique (Conservatoire de Vanves, chant, écriture, compositions, représentations), les activités associatives et collectives (Collectif Vietnam Dioxine, Collectif Paaf, Le Studio Jaune) et plus récemment le théâtre en tant que comédienne (SAIGON 2023-2024, de Caroline Guiela Nguyen, Compagnie des Hommes Approximatifs).
Grâce à ces différents medium, depuis 2015 je construis mon travail artistique autour de la question intime et politique de l’héritage, du déracinement, en l’occurence dans mon cas : le Việt Nam. J’exerce également une activité de traduction : c’est ainsi que j’ai rencontré le cinéaste Pierre Michelon à l’occasion de la transcription linguistique pour son film documentaire sur monsieur Yến (L’hirondelle). »
Le dimanche 5 novembre / 16h
Henri Copin a vécu et travaillé au Việt Nam, au Cambodge et au Sénégal. Il vit à Nantes.
Auteur de nombreux ouvrages, articles, communications, consacrés à la représentation littéraire de l’Asie (pays de l’ex-Indochine) et de l’Afrique, en période coloniale ou post coloniale, à l’altérité, aux figures de l’Autre et de l’Ailleurs. Contribue à L’Encyclopédie de la Colonisation française, en cours de publication aux Indes Savantes. Professeur à l’Université permanente de Nantes, élu à l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire.
Pierre Michelon est né à Nantes en 1984. En observateur participant, il arpente les terrains d’une société oublieuse et aphasique. Sa réflexion est concentrée sur l’écriture, l’oralité et l’usage de l’Histoire. Ses récentes recherches l’ont conduit à réaliser des portraits de déporté·e·s politiques dans les bagnes coloniaux (Amara, Cinéma du réel, 2019, Histoire de la maladie, musée du Louvre, 2019). Elles se déclinent dans une variété de propositions : traductions, films, installations, performances-documentaires… Chacun de ces montages est conçu autour d’un processus de recherche, qui prend tantôt la forme d’enquêtes, d’entretiens, de dérives et d’associations multiples. Les paysages y deviennent des témoins. La démarche artistique de Pierre Michelon se tient à cet endroit, là où se produit un témoignage, là où se fabrique une communauté. Il est diplômé de École des Beaux-arts de Nantes (D.N.A.P.), de la Villa Arson à Nice (D.N.S.E.P.), de l’École des Beaux-arts de Paris (SACRe, doctorat de création).
Entre-deux est une structure de recherche engagée dans la production et la diffusion de l’art public contemporain sous toutes ses formes, éphémères et pérennes, interrogeant les enjeux du contemporain par rapport au réel sur le territoire de Nantes mais aussi élargi à la région des Pays de la Loire.
<www.entre-deux.org>