La Doublure : une sculpture monumentale à Trélazé (Maine-et-Loire) / Raphaël Zarka

Anthony Girardi, mai 2024.
© Anthony Girardi, octobre 2023
©Thomas Raynaud (ASBR)
©Thomas Raynaud (ASBR)
©Thomas Raynaud (ASBR)
©Thomas Raynaud (ASBR)
Maquette réalisée par Thomas Raynaud architectes
© Thomas Raynaud architectes
Source : archives départementales du Maine et Loire

Quelques images du projet. Également une image de la manufacture d'allumettes provenant des archives départementales du Maine-et-Loire

Le contexte

Le site, que les habitants de Trélazé appellent communément « La Manu » ou « Les Allumettes », renferme les anciens bâtiments d’une usine de fabrication d’allumettes dont la construction a débuté en 1926. En plus des ateliers de fabrication appelés « halles », des éléments caractéristiques du patrimoine industriel ont été conservés : une structure en béton, support d’un château d’eau disparu, une cheminée en briques en grande partie déconstruite, deux bow-strings de liaison entre deux halles, des lanterneaux de ventilation sur la toiture des ateliers. Plusieurs halles ont été reconverties en logements tout en préservant leur architecture, aussi bien extérieure qu’intérieure.

Sensibles à la valeur symbolique de ce patrimoine industriel, un certain nombre d’habitants se sont mobilisés pour le sauvegarder. Ils souhaitent également rendre accessible à toutes et tous l’histoire de cette ancienne usine et le savoir-faire de ses ouvrières en exposant des archives dans une salle de mémoire.

Ce sont ces souhaits qui ont poussé ces habitant·e·s à se regrouper pour proposer un projet de commande visant à la mise en valeur de tout ou partie de ces points de repère existants ou à venir.

La commande

Le projet culturel et artistique pourra inviter à un parcours à travers le site des Allumettes. Ce parcours pourra reposer sur trois lieux :

  • la cheminée tronquée qu’il conviendra de rehausser et de réinterpréter pour en refaire,  notamment, un point de repère de Trélazé et des communes riveraines, Ponts de Cé et Angers
  • le socle de l’ancien château d’eau, étonnante structure en forme d’arches de béton, pourra servir de support à une intervention artistique.
  • la salle de mémoire et son installation industrielle des aiguillages qui pourra accueillir des panneaux d’information sur le lieu, que l’on retrouvera aussi sur l’ensemble du site.

Raphaël Zarka

Sur proposition de Marie-Laure Viale et Jacques Rivet (association Entre-deux, Nantes), les commanditaires ont retenu Raphaël Zarka pour cette commande. Ils ont été sensibles au fort intérêt de l’artiste pour le patrimoine industriel comme à la façon dont il a su intégrer la pratique du skate-board dans son travail. Cette commande se veut en effet un rappel du passé, de la mise en avant de l’intelligence collective nécessaire à la transformation de grumes de peuplier en allumettes, mais doit être également ouverte sur l’avenir d’un site qui va comporter plus de 300 logements.

La doublure

Le projet La Doublure est une proposition artistique de Raphaël Zarka en réponse aux commanditaires de l’ancienne manufacture d’allumettes de Trélazé. L’usine bénéficie aujourd’hui d’une réhabilitation d’envergure tout en préservant les éléments patrimoniaux les plus forts. Parmi eux, les vestiges d’une des trois cheminées, dont la faible hauteur ne marque plus la présence du lieu.
Raphaël Zarka revient sur cet élément architectural et propose un espace sculpté qui réunit deux cheminées. La première, tronquée, ruine patrimoniale de l’industrie allumettière de Trélazé et une nouvelle cheminée, sculpture de 24 mètres de hauteur dont la base s’offre comme une chambre ouverte par quatre portes et livre la surprise d’un vertigineux assemblage de briques en spirale qui débouche en trouée sur le ciel. Les éléments verticaux sont reliés par deux dalles en béton : un sol et un toit, qui délimitent cet espace sculpté ouvert aux promeneurs. Simplifiés, les volumes en béton et en briques proposés par l’artiste s’inscrivent parfaitement dans la rigueur architecturale de la manufacture et ménagent aux curieux une expérience unique depuis l’intérieur de la nouvelle cheminée. Une expérience qui prend sa source dans la conception des cheminées Tudor du Layer Marney Tower (1523), comté de Sussex (Angleterre), et qui ont déjà servies au travail sculptural de l’artiste, avec l’œuvre : Le Cénotaphe d’Archimède, 2011.
La proposition de Raphaël Zarka participe de la mémoire du site à travers la préservation patrimonial de l’élément visuel le plus significatif de son histoire mais accompagne également ce nouveau quartier dans son futur avec la création d’une oeuvre d’art, préfiguration d’un véritable lieu public, voire d’un espace public ponctuel.

Avec le soutien de

Le ministère de la Culture – DRAC des Pays de la Loire, la Fondation de France, la ville de Trélazé, Podeliha, Angers Loire Métropole, le Conseil régional des Pays de la Loire, le Conseil départemental de Maine-et-Loire, les sociétés Lidl et Mécènes et Loire. Un financement participatif lancé par l’association des Amis du patrimoine trélazéen a aussi mobilisé près de 100 particuliers et associations.